Jeune Bonoise : captureuse d’émotions d’exception

On part à l’aventure ! Au revoir Paris. Backpack virtuel sur le dos, c’est en Algérie qu’on atterrit pour rendre grâce à cet empire où la culture est aussi riche que son peuple. Salam Aleykoum. L’enfant prodige qu’on s’en vient visiter habite la ville de Annaba. C’est sous le pseudo de Jeune Bonoise que Houda se cache humblement dans l’ombre des réseaux sociaux. À travers Instagram, elle propulse une passion pour la photo qu’elle maîtrise habilement, pourtant avec peu de moyens. Portrait d’une virtuose qui s’ignore.

Il suffit de scroller son compte Instagram pour avoir sa dose de voyage, sa claque émotionnelle et sa leçon de culture rap. Oui, tout ça. Le contenu de Jeune Bonoise cumule pour le moment l’attention de ses 11 200 followers en constante augmentation. À travers une vision hybride, la photographe ne sélectionne jamais ses clichés au hasard. Elle les combine avec des références pointues : le fruit d’un travail qui fait même redécouvrir l’Algérie aux Algériens. Entre nostalgie et modernité, elle plonge alors son public dans un univers d’époque qu’elle s’empresse de vivifier à travers un courant musical résolument contemporain. Un anachronisme lyrique.

“Nostalgique car présent pas à la hauteur”

Malgré sa douceur prégnante, dire que la mélancolie n’est pas son moteur créatif, serait mentir. Houda est une éponge à émotions. Houda pleure pour en faire ressortir le meilleur. Houda est, en somme, une artiste. Elle même affirme être “nostalgique car présent pas à la hauteur” et décrit sa “vague à l’âme” avec une grande volupté. La BO de sa vie s’écouterait d’ailleurs à travers le titre 93 mesures de Dinos. C’est tard la nuit que son esprit s’éparpille, accueillant l’inspiration. La jeune photographe de 24 ans fait alors sortir de la pénombre les émotions qui la traversent pour shooter discrètement dans la rue, souvent de jour. Beaucoup de visages pris sur le vif qui l’ignorent, beaucoup de paysages reflétant les splendeurs de son environnement et beaucoup de poésie autour d’un art qui conte en somme la vraie vie en Algérie.

Un clin d’oeil intelligent à sa région

Jeune Bonoise c’est d’ailleurs un pseudo chargé d’Histoire qu’elle explique : “Annaba portait le nom de Bône qui provient d’une déformation du mot Hippone. René Bouyac dans son livre Histoire de Bône a rattaché cette appellation aux locutions phéniciennes Ubbon et ”Ypo” qui auraient ainsi formé la racine d’Hippone. ”Ubbon” veut dire Golfe, et le phénicien ”Ypo“ signifie beau. Voilà pour la petite histoire du pourquoi on nous appelle les Bonois.” Rien n’est ainsi jamais laissé au hasard. De son nom de scène à chaque légende accompagnée de citations poignantes.

https://www.instagram.com/p/Ca78JaPoJU9/?igshid=YmMyMTA2M2Y=

De la photo à la vidéo

Allo Paris ? Ici Annaba. Son destin s’écrit à peine grâce à la magie des réseaux sociaux. Après de fructueuses expositions et de salons de photographie locaux en 2021, des rappeurs montants parisiens dont on taira les noms pour des raisons de confidentialité la consultent pour participer à la direction artistique de leurs clips, séduit par son univers et son appétence pour ce genre musical. Un job tout à fait dans ses cordes puisqu’elle est titulaire d’un master en audiovisuel. Gare aux arrogants qui pensent qu’un matos digne d’une superproduction est nécessaire pour briller. C’est avec ce qu’on considère de nos jours un ancêtre des télécommunications que l’artiste éblouit : l’iPhone 6s. Jeune Bonoise ou comment transformer poussière en or.

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